C’EST QUOI L’ART ?

Publié le par Lucrezia

Pour rester dans le prolongement de ce qui a été posté hier, le sujet du jour traitera une fois encore de l’art et de l’artiste.  Installez-vous confortablement.  Nous allons tenter de percer les mystères de l’œuvre d’art et de mettre notre réflexion en rapport étroit avec notre sujet d’étude unique et préféré : Julien.

 

Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?  Comment la reconnaît-on ?  Qu’est ce qui différencie une toile de Rembrandt de celle d’un peintre du dimanche ?  Ces questions, je me les suis souvent posées.  J’ai lu un jour une réflexion du grand critique d’art Bernard Berenson, oncle de l’actrice Marisa : « Comment reconnaît-on une œuvre d’art ?  Un bon test d’approche est de déterminer si l’œuvre nous réconcilie avec la vie.  Aucun artefact ne peut prétendre au statut d’œuvre d’art s’il ne contribue pas à nous humaniser.  Sans l’art, visuel, verbal et musical, notre monde serait resté une jungle ».  Voilà qui m’apparaît lumineux, car il n’y a rien de plus délicat et de plus ardu que de définir ce que l’on ressent face à une œuvre.  Souvent, lorsque je me trouve devant une oeuvre qui me secoue, les mots pour la décrire m’échappent totalement, parce qu’elle ne parle pas le langage articulé, elle parle directement à l’âme.  En la quittant, je me sens plus lourde, plus intense, plus essentielle.  La vie a pris de l’épaisseur.

 

Et puis, un proche m’a dit que, pour lui, l’œuvre d’art, c’est celle qui pose des questions, qui nous remet en cause.  L’art véritable est toujours contestataire et va à l’encontre du discours établi.  Il pense à « Guernica », mais aussi aux admirables peintures de Van Gogh, tant décriées de son vivant, jugées hirsutes et bâclées.  Il ne faut pas oublier que les premiers impressionnistes, que nous considérons maintenant si « décoratifs », ont d’abord été exposés au salon des refusés où ils ont fait scandale.  Et que dire de la première exposition du sublime Modigliani, annulée quelques heures avant le vernissage, à cause d’un éblouissant nu de Jeanne Hebuterne présenté en vitrine ?  J’ignore si le propre de la véritable œuvre d’art est de créer le scandale, mais il est sûr qu’elle nous remue, qu’elle pénètre au fond de nous et fait que notre vie n’est plus tout à fait la même après.

 

L’œuvre d’art ne peut être mièvre, jamais.  A mes yeux, il n’y a pas de pire adjectif que « joli » pour qualifier une peinture ou une statue.  « Joli » me fait immédiatement penser à ces affreuses croûtes aux couleurs éteintes représentant un sous-bois agrémenté de quelques biches et où serpente invariablement un petit ruisseau, l’alternative étant le chalet suisse avec colombages typiques dans une prairie d’un vert criard sur fond de cimes enneigées.  Pitié, non, ce n’est pas ça, l’art.  L’art, c’est fort et c’est dérangeant, c’est un coup de poignard étincelant, un vent violent qui coupe le souffle.

 

Et là, vous savez bien que je vais parler de Julien.  S’il y a bien un adjectif inadapté pour qualifier ce qu’il nous donne à entendre, c’est le mot « joli » qui, jamais, ne vous viendra à l’esprit en écoutant Julien.  Son chant est tout sauf « joli », il est puissant, perturbant, profond, déchiré, essentiel, mais toujours outrepasse les conceptions habituelles de la beauté.  Baudelaire avait raison : « Le beau est toujours bizarre ».  Oui, Julien est un véritable artiste, il secoue les fondements de nos certitudes, ébranle nos cœurs, conteste les idées reçues, questionne notre esprit, renverse les valeurs, sonde nos âmes pour en retirer le meilleur.  Le mot « utile » ne s’applique pas non plus à l’art, mais sa raison d’être est de nous faire exister plus intensément.

 

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