UN AFFREUX REMAKE

Publié le par Lucrezia

Le sujet du jour est totalement déconseillé aux âmes sensibles, car son côté irrespectueusement iconoclaste pourrait en choquer plus d’une.  Vous voilà averties !

 

J’ai eu le bonheur de rencontrer Siam (du forum "Crazy Julien") qui habite la même ville que moi et confortablement attablées dans un petit café, nous avons déliré à propos de l’hypothèse de découvrir un jour Julien planté sur notre paillasson.  A ce petit miracle, plusieurs explications possibles (plausibilité nulle, mais ça n’a pas d’importance) : après un concert dans notre bonne cité, il s’est tout simplement perdu en cherchant à regagner la gare ou son hôtel ou bien il a choisi la première porte venue pour échapper à une meute de fans lancée à sa poursuite.  Je vous laisse la liberté d’imaginer 100 autres raisons à sa présence incongrue devant notre porte, mais toujours est-il qu’il est là, réfrigéré et inquiet.  Comme m’a dit Siam en riant : « Avec moi, il ne restera pas 1 minute sur le paillasson » et j’étais bien du même avis qu’elle.  Mais le problème n’est nullement de le faire entrer, il est de l’empêcher ensuite de ressortir.  Et c’est là que nous avons quitté la sphère du « juliennalement correct » pour imaginer un sombre remake de « Misery ».

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Vous voyez de quoi je veux parler ?  Un bref rappel, peut-être ?  Un auteur de best-sellers est victime d’un grave accident sur une route de montagne.  Il est recueilli et soigné par une ancienne infirmière qui se trouve être un grande admiratrice de son œuvre.  Jusque là, super !!  Là où ça se gâte, c’est quand l’infirmière découvre que l’écrivain a fait mourir son héroïne préférée (Misery Chastain) à la fin de son dernier roman.  L’hospitalité va aussitôt se transformer en véritable détention et la soignante en bourreau psychopathe exigeant une réécriture totale du livre.  Brrrr, ça fait froid dans le dos !

 

Comme il nous reste encore un semblant d’urbanité, Siam et moi nous sommes arrêtées à cette première évocation en riant de nos pensées inavouables, mais sur le chemin du retour, mon imagination continuait à faire des siennes.  Bien évidemment, je n’irais pas jusque là avec Julien.  J’ai bien imaginé un instant l’étourdir avec mon pilon en marbre pour le ligoter ensuite dans mon lit, mais outre le fait que je risque de le rendre amnésique (ce qui, tout bien réfléchi, pourrait quand même se révéler intéressant !) ou de le blesser sérieusement, je me vois mal le retenir de force.  Il va dès lors falloir réfléchir à quelques moyens plus subtils de le retenir un peu.  J’ai tout d’abord pensé au chantage psychologique, du style « je suis dépressive, au bord du suicide et ta venue m’a empêchée de commettre une grosse bêtise ».  Je vois d’ici Julien embêté, mais néanmoins concerné, chercher à me remonter le moral.  Mais, franchement, ce ne serait pas très élégant comme méthode.  Cherchons autre chose.  Euh, j’ai bien un autre moyen, mais il n’est pas très loyal.  Dans le but avoué de le réconforter, je lui offre une bière, puis une autre.  Et comme il est en Belgique, c’est l’occasion d’en profiter pour goûter toutes les variétés, non ??  Moi, j’utilise le truc éculé du verre discrètement vidé dans la plante verte (mais si, mais si, la bière, c’est bon pour la croissance des végétaux !), mais lui, je ne le lâche pas du regard une seconde et je vérifie qu’il termine bien son verre.  J’ignore quel est son degré de résistance, mais je peux espérer que ma petite réserve suffira.  La partie n’est cependant pas gagnée, car qui vous dit que Julien va avoir l’ivresse gaie et entreprenante ?  Peut-être va-t’il tout simplement tomber profondément endormi !  Bon, ça me laissera toujours le plaisir de le regarder, mais ce n’est pas vraiment ce que j’espérais.  Ou alors, il a l’ivresse cafardeuse et se retrouve en pleurs dans mon salon.  Mauvais plan, même si cela me donne l’occasion de le consoler.

 

Quid ?  Il me reste encore la possibilité du mensonge éhonté (cher aux politiciens) jouant sur le sentiment d’insécurité et je peux tenter de persuader Julien que ma ville est Chicago la nuit et qu’il vaut mieux ne pas s’y aventurer seul.  Mais je ne suis pas sûre qu’il me croira.  Dans la même panoplie, il y a l’alerte atomique avec interdiction formelle de mettre le nez dehors, la déclaration de guerre impromptue, l’invasion de la Wallonie par la Flandre, l’arrivée imminente d’un typhon, une dangereuse recrudescence de la peste aviaire, un kamikaze en ballade, toutes choses éminemment vraisemblables !!

 

Je suis découragée.  Tous ces subterfuges manquent vraiment de dignité.  Et si finalement, la meilleure façon de le retenir était de lui donner une bonne raison de rester ?  En n’attendant rien et en lui laissant toute liberté de partir dès qu’il le désire, en l’accueillant avec simplicité et gentillesse, j’ai toutes les chances qu’il trouve le moment agréable et le prolonge un tout petit peu.  Voilà, finalement, je vais choisir le remake de « Petit déjeuner chez Tiffany » plutôt que celui de « Misery ».  Je pense que ce sera beaucoup plus approprié.  Mais je vous laisse, on sonne …  Je file ouvrir, … au cas où je trouverais un chanteur égaré sur mon paillasson !

 

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