MONTRE-MOI TES « TATOO », JE TE DIRAIS QUI TU ES

Publié le par Lucrezia

Le sujet du jour sera consacré à une tentative de décodage qui, sans nul doute, devrait vous intéresser.  Pour ce, il va falloir quelque peu dévêtir notre sujet (oh oui, oh oui !), euh .... dans un but PUREMENT studieux, je précise, car nous allons nous pencher sur ses tatouages.

 

Pour décider de se faire tatouer, il faut une motivation profonde.  D’abord, l’acte fait mal, ensuite le signe sera indélébile.  Il vaut mieux y réfléchir à deux fois, sachant que l’aigle ou le petit dauphin qui a tant séduit à 20 ans risque, quelques années plus tard, de ne plus tout à fait remporter l’adhésion.  Les techniques d’effacement n’étant guère au point et de plus, très douloureuses, il reste la possibilité de recouvrir le tatoo par un autre ou de se résigner à le garder.

 

Pourquoi se fait-on tatouer ?  Les raisons en sont diverses : identification à un groupe, but esthétique, rituel religieux, recherche d’originalité, …  Etant donné que la pratique est surtout en vogue chez les jeunes, on peut aussi considérer le tatouage comme un substitut des rites de passage initiatique que l’on trouve dans certaines tribus.  Le mot « tribu » est par ailleurs revenu à la mode et le tatouage est un des moyens d’afficher son appartenance à l’une d’elle ou à un groupe social au sens large.  Dans ce cas, il fait office de rite d’intégration.  Terminons en soulignant que le tatoo choisi et son emplacement ne sont jamais innocents.

 

Dans le registre des tatouages, Julien nous a donné de la lecture et pas mal de matière à réflexion.  Tentons, avec nos maigres connaissances, de proposer un petit décryptage de ce livre vivant.  Ce qui va suivre n’est nullement scientifique, ni prouvé, il s’agit simplement d’une réflexion personnelle et de l’expression de ressentis profonds.  Mais vous aurez sûrement votre propre interprétation et ce n’en sera que plus riche.  Considérons donc les tatoo un par un.

 

1) Le tatouage « Artiste » est le plus grand de tous, mais aussi le plus caché, puisqu’il se trouve dans le dos.  Il est écrit en lettres d’apparence « gothique » d’un format assez grand et l’effet produit est d’un esthétisme indéniable.  Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer qu’il y a là comme un paradoxe : le format choisi est destiné à attirer l’attention, mais l’endroit du tatoo est la plupart du temps caché.  Que pouvons-nous en déduire ?  Que Julien revendique son statut d’artiste de façon hésitante, camouflée ?  Que seuls les proches ou les personnes autorisées ont le droit de lire le message ?  Que c’est par l’acte de tourner le dos (aux conventions, aux règles, aux contraintes, …) qu’il manifeste son essence d’artiste ?  Je vous informe tout de suite que je n’ai pas de réponse, je tente un questionnement, rien d’autre.  Je remarque aussi que Julien a choisi le haut du dos, lié à l’intellect, puisque proche de la tête, et non le bas, plus souvent assimilé à l’aspect instinctuel de la personne.  Et enfin, le tatoo est inscrit sur la partie droite du corps, celle régie par le cerveau gauche avant tout rationnel et analytique, ce qui tendrait à signifier que le choix de la voie artistique résulte bien d’une mûre réflexion et non d’une décision pulsionnelle.  Croisement inscrit en toutes lettres sur le corps, illustrant de façon concrète le chiasme conceptuel.

 

2) Le tatouage « Marcel Duchamp » est celui qui retient le plus l’attention, aussi bien par son originalité, son emplacement, que par sa belle graphie en lettres cursives joliment déliées et à l’élégant tracé.  Julien nous a fourni quelques explications sur la raison de ce dernier.  Ce que je remarque, c’est que Marcel Duchamp est ici employé davantage comme symbole de la démarche artistique de Julien que comme référence directe à l’individu lui-même.  Sa place juste au-dessus du cœur n’est évidemment pas fortuite, c’est au même endroit que l’on porte habituellement un écusson (drapeau national, emblème d’un club sportif, …), indiquant par là son attachement et sa loyauté envers un symbole.  Julien a imprimé ici sa ligne de conduite, celle dont il entend ne jamais s’écarter, celle qui lui tient le plus « à cœur ».  Chaque fois qu’il se regarde dans un miroir, ce nom s’inscrit comme un rappel, comme l’incitation à ne jamais se laisser détourner de ses choix.  Ce tatouage d’apparence légère, presque envolée, est en fait le socle lourd et puissant de son approche artistique.

 

3) Le tatouage de la croix sur le bras gauche est celui qui m’est toujours apparu comme le plus mystérieux.  C’est le plus voyant, le plus provocateur, mais je peine à y trouver une explication qui me satisfasse pleinement.  On a dit qu’il servait à recouvrir un tatouage plus ancien qui ne plaisait plus à Julien.  Je peux admettre cette explication, mais pourquoi une croix, chrétienne de surcroît ?  J’ai lu quelque part que les marins européens au 17ème siècle se tatouaient souvent un crucifix sur tout le dos afin de se prémunir de la flagellation en cas de punition.  Mais cela ne m’aide pas, je perçois bien la volonté de manifester quelque chose, mais ne parviens pas à comprendre le sens exact de ce symbole.  Situé sur le bras gauche, il est inscrit sur la partie du corps gouvernée par le cerveau droit, celui de la créativité et de l’imaginaire.  Faut-il investiguer dans cette direction ?  La croix serait-elle la manifestation inversée de son esprit insoumis et de sa totale indépendance ?  Mais peut-être aussi serait-il bon de l’envisager en corrélation avec le tatouage qui se trouve juste en dessous, démarche que je n’ai encore jamais tentée et que je vais aborder au point 4.

 

4) Le tatouage « The Jean d’Ormesson’s » ne constitue en aucune manière un hommage à l’académicien du même nom, contrairement à la première impression.  Il s’agit de la version abrégée (par manque de place sans doute !  Julien, faudra faire de la muscu si tu veux inscrire le nom en entier !!) du nom d’un de ses groupes.  Et ici, clairement, je ressens ce tatouage comme un signe d’allégeance et de fidélité, une sorte de serment de loyauté vis-à-vis de ses amis que Julien entend ne pas abandonner sur sa route vers la gloire.  Inscrire de manière aussi ineffaçable le nom de son groupe, c’est comme le graver dans sa chair, sceller un pacte avec son sang.  Et la croix apparaîtrait alors comme la caution sacrée de ce serment.  Elle rappelle le serment sur la bible que l’on devait prêter avant de témoigner, le serment sur la croix des Templiers et d’autres formes d’engagement irréversible.  J’ajouterais que ces deux tatouages sont inscrits sur son bras.  Or, cette partie du corps est le symbole de la force, du pouvoir, du secours accordé, de la protection.  Symbolisme encore renforcé par le fait que le tatouage figure sur le biceps.  Voilà qui nous éclaire un peu, n’est-il pas ?

 

5) Le tatouage « Dig Up Elvis » est lui aussi situé sur le bras et témoigne de la même fidélité envers l’autre de ses groupes.  Il est à remarquer cependant qu’il est localisé sur la face interne de l’avant-bras droit.  Analysons chacun de ces éléments.  L’avant-bras est, quant à lui, le symbole de l’engagement (union, alliance) et du pouvoir d’action, notamment dans la libération des interdits.  Le choix de la face interne nous éclairerait sur les rapports intimes, personnels, que Julien entretient avec son groupe.  Il a choisi de ne pas afficher ce tatouage de manière immédiatement visible.  Il faut qu’il présente le bras dans ce qu’il a de vulnérable (là où bat le pouls, là où l’on procède aux prises de sang) pour que le tatoo apparaisse.  J’y vois une volonté de protection, de préservation.  Il y a là un lien intime qui ne peut être divulgué n’importe comment.  Enfin, il s’agit du bras droit, gouverné par le cerveau rationnel, le bras qui écrit et qui signe dans le cas de Julien.  Je pense que la conjugaison de ces éléments nous permet de lire clairement la force et le caractère sacré de l’attachement de Julien à ses amis.

 

En guise de conclusion, j’ajouterai qu’il existe peut-être d’autres tatouages dont nous n’avons pas connaissance, parce que situés dans des endroits trop intimes.  Je laisserai de côté un hypothétique « Francis Picabia » imprimé sur la fesse (droite ou gauche ?), parce que, ne l’ayant pas vu (soupir !!), je ne peux le commenter.  Mais ceux dont nous disposons nous aident déjà grandement à comprendre la rigueur morale, la haute conception de la fidélité qui animent Julien au quotidien et qui nous imposent d’autant plus le respect que la démarche du tatouage leur confère une valeur de serment éternel.

 

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